
Luc Ferrari
Paris, France 1929-2005
Compositeur français né en 1929 à Paris. Décédé en 2005 à Arezzo en Italie.
Élève d’Alfred Cortot, Arthur Honegger et Olivier Messiaen, Luc Ferrari collabore avec le Groupe de recherches musicales (GRM) dès 1958 et y compose jusqu’en 1966. Professeur, il enseigne à Cologne (1964-65), à Stockholm (1966), puis au conservatoire de Pantin (1978-80) et participe à la réalisation d’émissions de radio et de télévision sur la musique concrète et le son. Créateur du studio Billig (1972), atelier d’électroacoustique, il fonde en 1982 La Muse en Circuit, studio de composition électroacoustique et de création radiophonique. Il entreprend en 1999 la série d’exploitation des concepts qui relancent une créativité tous azimuts. Ses œuvres sont en grande majorité des compositions électroacoustiques ou mixtes. Citons Études aux accidents (1958), Composé composite (1963), Hétérozygote (1964), Und so weiter (1966), Music Promenade (1969), À la recherche du rythme perdu (1979), Jetzt (1982), Patajaslotcha (1984), Et si tout entière maintenant (1987), Les émois d’Aphrodite (1998), Tautologies et environs (2001).
Né à Paris en 1929, Luc Ferrari avait tout pour être un honorable sérialiste selon Darmstadt : de sérieuses études de piano (avec Cortot), de composition (avec Honegger) et d’analyse musicale (avec Messiaen). Mais une rencontre fondatrice avec Varèse en 1954 à New-York puis avec Schaeffer, la réalisation d’émissions radiophoniques et télévisuelles, et la responsabilité – temporaire – d’enseignements, d’institutions culturelles ou de groupes musicaux (entre 1982 et 1994, La Muse en Circuit , studio de composition électro-acoustique et de création radiophonique) l’ont mené à des chemins singuliers.
Sans rigoureusement aucun postulat théorique naturel ou recherché, Ferrari avoue deux « fixations » surgies dès ses premières œuvres abouties, au milieu des années 1950 : une écriture musicale «répétitive ou cyclique» et «basée sur un récit ou une narration». Bien avant la musique répétitive, Ferrari a mis en place des structures compositionnelles, certes répétitives mais qui toutes déra-
pent. Avec son cortège de hasard, de jeu et d’écart face à la norme et aux us, l’accident est au cœur de sa musique.
En outre, Ferrari a constaté : «Mon immersion dans la vie sociale crée en moi des accumulations de mémoire. Se met alors en place une sorte de narration diffuse grâce à laquelle je construis spontanément des formes équilibrées et par laquelle j’ai une sensation du temps musical parfaitement naturelle ».
Mais sa musique ne se résume pas à ce cadre formel.
Dès ses débuts, il a ouvert son invention musicale à deux univers quasi-vierges qui lui permettent de toucher intimement chaque auditeur : les technologies nouvelles et une certaine idée de la psychanalyse. Aussi ses réflexions sur le corps – social et humain – et sur le sexe constituent-elles « un véritable acte philosophique» traité non pas en philosophe mais en musicien joueur et ironique. L’œuvre de Ferrari est donc partagé entre la réalisation de « sons mémorisés» (des œuvres réalisées dans les studios des plus éminentes radios européennes) et de partitions dans lesquelles la voix – effective ou imaginaire – se (le) dévoilent sans fard et sans système.
Frank Langlois